NOUVELLES ACQUISITIONS 2024 :

Découvrez la sélection des oeuvres acquises par le Frac poitou-charentes

© Priyageetha Dia, Spectre System (2024). Vue d'exposition After Rain, Diriyah Contemporary Art Biennale 2024. Installation, vinyl imprimé, vidéo couleur et son. Dimensions variables. Courtesy Diriyah Biennale Foundation. Photo : Marco Cappelletti 

En septembre 2024, le comité technique d'acquisition du Frac Poitou-Charentes s'est réuni pour étudier les propositions des membres du comité, ainsi que 43 candidatures spontanées d'artistes et collectifs régionaux, nationaux et internationaux. Suite à la délibération, 15 artistes ont été retenu·e·s, donnant lieu à l'acquisition de 34 oeuvres et 1 don.

La sélection proposée par le Comité technique d’acquisition en 2024 donne à voir les nouveaux axes d’orientation de la politique d’acquisition, avec des œuvres qui proposent un regard sur les réalités rurales, autour de la question du territoire et notre relation au vivant ; les pratiques artistiques socialement engagées ; les œuvres numériques, avec un regard particulier sur les pratiques innovantes en vidéo, animation et création 3D.

Le Comité technique d’acquisition a aussi porté un regard sur les artistes de contextes moins représentés dans la collection (artistes d’origine hors Europe / États-Unis, et artistes autochtones). Tout en en tenant en compte des questions de parité, de diversité culturelle, et une attention particulière portée la transition écologique. La sélection inclue également une commande-acquisition.

Les acquisitions :

  • Anna López Luna

    Sélection de sept dessins (2020-2023)

    Dimensions variables

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    Anna López Luna explore les idéologies et l’actualité à travers les corps qu’elle filme ou dessine. Originaire de Barcelone, son oeuvre interroge les mythes nationaux, tant espagnols que français, en révélant la continuité inquiétante avec les passés dictatoriaux, comme celui de Franco et le régime de Vichy. Ses dessins, inspirés de l’imaginaire occidental, intègrent des figures et des slogans contemporains, révélant le caractère incontrôlé des corps à travers une palette de couleurs variées. La perspective féministe est centrale, remettant en question les récits patriarcaux des États-nations et des idéologies autoritaires.

  • Bronwyn Katz

    Maaghout (Stomach wood) (i) (2024)

    Galets, fil de cuivre, cire de bougie, acier doux, 91 x 60 x 19 cm.

    Photo : Mario Todeschini

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    Maaghout (Stomach wood)(i) de Bronwyn Katz explore des thèmes profonds tels que l'interconnexion entre le corps humain et la nature. À travers cette œuvre sculpturale, Katz examine les relations entre l'érosion et le renouveau, tout en mettant en avant l'écoute de soi et de l'environnement. La structure de l'œuvre, faite d'acier doux et ornée de pierres, symbolise les marques laissées par le temps sur le corps. Le choix du cuivre, qui a des propriétés apaisantes, renforce l'idée de guérison. Le titre même, dérivé d'un mot afrikaans signifiant "plante guérisseuse", évoque une dimension médicinale et réparatrice. En somme, l'œuvre invite à réfléchir sur notre relation avec nous-mêmes et la Terre, tout en célébrant la beauté des cycles naturels. 

  • Cédric Calandraud

    Sélection de quatre photographies de la série Le reste du monde n’existe pas (2019-2024)

    Tirages lambda sur papier baryté argentique, contrecollés sur aluminium. Dimensions variables

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    La série photographique Le reste du monde n’existe pas (2019-2024) de Cédric Calandraud documente la vie des jeunes ruraux dans l'est et le nord de la Charente entre 2019 et 2024. À travers une immersion dans le quotidien d'Anthony, Océane, Teddy et leurs pairs âgés de 15 à 25 ans, le photographe capture un moment charnière de leur existence. L'objectif se focalise sur ceux qui restent, se formant localement dans les MFR, CFA et lycées professionnels. Ces images révèlent leur attachement au territoire malgré les défis - manque de transports, d'emplois, de services publics.

  • Céleste Richard-Zimmermann

    Fraxinelle (2023). Peinture à l’huile sur métal, acides, 70 x 55 cm

    Eucalyptus (2023). Peinture à l’huile sur métal, acides, 70 x 55 cm

    Photo : Gregory Valton

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    En analysant les paradoxes de notre environnement naturel et le contexte politique actuel, l’artiste explore le concept selon lequel le feu, l’embrasement et le chaos peuvent être à l’origine d’un renouveau. (…) Mais du chaos émergent aussi la faune et flore. Des épées de Saint-Georges semblent figées dans un brasier éternel tandis que des plantes pyrophytes et pyrophiles prospèrent après l’incendie. L’exposition devient alors le réceptacle d’un écosystème qui semble incarner les cycles de régénération naturelle (capacité de la nature à se reconstituer spontanément suite à une destruction) et que l’artiste transpose à la société humaine. Céleste Richard Zimmermann observe ainsi les relations étroites entre la nature et l’humanité, convaincue de leur interdépendance.

  • Elize charcosset

    One of Them Peeing on a Toad as a Pregnancy Test (2024)

    Pica Dry et pastel sur papier Arches, 100 x 120 cm

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    Elize charcosset s’est intéressée aux liens entre mort et fertilité pendant une résidence au Wysing Arts Centre en Angleterre, où elle a réalisé cette peinture. Influencée par les philosophes des sciences Bruno Latour, Isabelle Stengers et Donna Haraway, l'artiste adopte une approche narrative de la construction du monde, remettant en question les frontières entre pensée scientifique et récit. Son travail s'est enrichit de visites à la Tate Britain, où elle a étudié les œuvres de Turner et Bacon, ainsi que d'une recherche approfondie sur l'art macabre du Moyen Âge à nos jours.

  • FABIANA EX-SOUZA

    Truths About Care (2022)

    Installation, diptyque de toiles en coton ; baluchon en coton ; cinq bouteilles en plastique et quatre bouteilles en verre vides brodées avec des semences vivantes de haricots blancs et pois du Cap. Dimensions variables

    Courtesy Fondation Pernod Ricard / Photo : Aurélien Mole

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    L’installation Truths About Care s’affirme comme une investigation sensible et plurielle des thématiques de la fertilité, de la guérison et du soin, où le haricot blanc devient le matériau central et symbolique. Ce choix singulier unifie l’ensemble des pièces, inscrivant la réflexion artistique dans une dynamique organique et profondément ancrée dans la matérialité. Au coeur de cette installation, le diptyque Studying Fertility se présente comme une matérialisation intime des pensées de l’artiste. Les toiles, intégralement composées de haricots blancs, traduisent en formes visuelles et tactiles l’énergie incantatoire des formules magiques invoquant la fertilité. Par leur répétition minutieuse et leur texture vivante, ces oeuvres interrogent le potentiel de transformation et de croissance inhérent à la matière, tout en évoquant la temporalité cyclique des processus vitaux.

  • Ferruel et Guédon

    Succession, issu du corpus Nouaison (2023)

    Peinture : toile coton recyclée et peinture acrylique / Sculptures : Bois de séquoia / Support casque : bois, terre et foin 

    Photo : Margot Montigny

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    Cette installation réunit une peinture suspendue, deux sculptures en séquoia posées au sol, et un témoignage sonore de Nathalie, notaire spécialisée en successions agricoles. Avec un casque Bluetooth, on explore l’espace tout en écoutant son récit intime. Nouaison marque un tournant dans la pratique de Ferruel et Guedon, après une introspection sur leurs liens avec l’environnement et les paysages habités. Elles abordent ici l’inconscient, les transmissions invisibles et les émotions liées à une condition sociale. Nathalie, fille d’agriculteur, raconte un moment crucial : la naissance de sa fille et le décès de son père. Son métier, lié à son histoire familiale, résonne avec ces événements. Elle évoque sa vocation portée par une ferveur sincère, mais aussi par des sentiments de honte surmontés.

  • FLORYAN VARENNES

    Oblivion (2021)

    Fleau d’arme en verre et chaine en polymere transparent / Prod CIAV – Meisenthal. 20 cm x 30 cm x 100 cm

    Photo : Yohann Gozard

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    La vulnérabilité précède la cure et la protection, et les actions de soigner comme de protéger, ou de contre-attaquer peuvent fléchir à tout instant si les conditions de leur réalisation ne sont pas réunies. Floryan Varennes rend manifeste cette fragilité inhérente du soin en utilisant des matériaux transparents comme le verre, qu’il emploie dans une arme d’inspiration médiévale : Oblivion. La sculpture réalisée en collaboration avec le Centre International d'Art Verrier de Meisenthal, est l’evocation d’un d’état amoureux, l'oubli. Dans ce matériau transparent et fragile, l’artiste rend compte de la force du sentiment qui vous assaille, vous transperce, vous écorche et vous assomme, mais aussi de sa précarité, le verre pouvant a tout moment être brise comme le pourrait être un cœur.

  • KARRABING FILM COLLECTIVE

    Night Fishing with Ancestors (2023)

    Vidéo digitale, son, 23 min 47, édition 1 sur 5

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    Karrabing Film Collective (fondé en 2012 en Australie) joue un rôle essentiel dans la représentation des voix aborigènes et dans l’exploration des enjeux sociaux contemporains à travers le cinéma. Leur travail met en lumière les réalités vécues par les communautés aborigènes et contribue à une meilleure compréhension des enjeux liés à l’identité, au territoire et à la culture. Night Fishing with Ancestors (2023) raconte l’histoire des commerçants de Macassan, qui, vers 1700, ont navigué depuis l’Indonésie vers la côte australienne pour récolter des trépangs. Ce moment de contact entre l’Asie et les peuples aborigènes d’Australie, antérieur à la colonisation européenne, est dépeint comme pacifique et collaboratif, offrant un modèle de relations qui conteste la violence du colonialisme blanc.

  • NAOMI RINCÓN-GALLARDO

    Sangre Pesada (Heavy Blood) issue de la série A trilogy of caves

    Vidéo HD, 18 min 45, édition 2/5 + 1 AE

    Photo : Gabriela de la Llera

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    Naomi Rincón Gallardo vit et travaille entre Oaxaca et Mexico, au Mexique. D’un point de vue des pratiques queer et décoloniales, sa conception critique et mythologique du monde aborde la création de contre-mondes dans ses contextes néocoloniaux. Dans son travail, elle intègre ses intérêts pour le théâtre, la musique populaire, la cosmologie mésoaméricaine, la fiction spéculative, les festivités vernaculaires et l’artisanat, ainsi que les différentes formes de féminismes décoloniaux et la critique queer de couleur (Queer of color critique).

  • Priyageetha Dia

    SPECTRE SYSTEM (2024)

    Vidéo couleur, 15 min, vinyle imprimé

    Photo : Marco Cappelletti

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    Situé dans l’environnement du gaming, Spectre System examine l’effacement historique du travail des plantations en Asie du Sud-Est en reconstruisant des récits marginalisés. L’oeuvre met en lumière les séquelles de l’exploitation coloniale et capitaliste sur la péninsule malaise, où la Malaisie, autrefois une possession britannique, prospérait grâce au travail forcé des travailleurs sous contrat du sud de l’Inde. Le protagoniste, généré par ordinateur, évolue dans un paysage hanté par les plantations, tandis qu’une respiration lourde souligne le poids de la mémoire et de la dépossession racialisée.

  • Pierre-Lin Renié

    Séléction de neuf scanographies de la série Portraits (2023)

    Impressions aux encres pigmentaires sur papier pur coton. 33 x 27 x 2 cm. Édition de 3 exemplaires

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    Ce travail présente neuf portraits issus de petites images trouvées sur des emballages alimentaires que l’artiste a scanné, recadré et agrandi. Initié durant la pandémie du Covid-19, ce projet souligne la notion de « travailleurs essentiels », souvent oubliés malgré leur rôle crucial. Pierre-Lin Renié a observé ces portraits d’agriculteurs réduits à des vignettes insignifiantes et a souhaité leur redonner une humanité en les traitant avec soin et importance. Les portraits résultent d’interventions professionnelles au service des marques et sont imprimés en petite taille, évoquant le marketing des produits. Il cherche ainsi à restaurer leur dignité et à rappeler que des vies réelles se cachent derrière les produits de consommation.

  • Tizintizwa

    A (Rough) Seasonal Work Song, Iteration N°5 (2023)

    Vidéo digitale, couleur, 16:9, son, 41 min, édition 1 sur 5

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    Les femmes autochtones amazighes d’aujourd’hui, comme leurs ancêtres, participent à des travaux saisonniers migratoires, voyageant de récolte en récolte dans les montagnes de l’Atlas. Ce documentaire musical est également un poème visuel, fruit d’une collaboration entre Fadma Boutalaa et Cheikh Hammou, l’un des derniers griots. Fadma, l’une de ces femmes, partage son parcours de son village à la cueillette des pommes. À la fois ouvrière et poète, elle raconte ainsi son histoire à la première personne, non pas par une narration classique, mais à travers des chants de travail inspirés des mélodies de son enfance, lorsque les femmes âgées chantaient dans les champs.

    Tizintizwa est un collectif d’art et de recherche polydisciplinaire axé sur la création collective et la diversité culturelle. Ils se concentrent sur l’agriculture, les luttes écologiques, l’oralité et la mémoire collective, utilisant divers médiums comme le film, la photographie et la performance.

  • ARTCOM PLATFORM (Commande acquisition)

    Balkhash Zhyry (2024-2025) En cours de production

    Vidéo en 3 parties, installation, édition 1 sur 2, dimensions variables

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    Ce récit vidéo en trois parties examine l’interaction entre la vie nomade historique, la colonisation et la réalité contemporaine à Balkhach, région du Kazakhstan confrontée à des défis socio-écologiques critiques. Le lac Balkhach subit les effets du changement climatique, de l’extractivisme, des essais militaires et d’un potentiel projet de centrale nucléaire. Ce lac incarne une position géopolitique stratégique entre la Russie et la Chine. À travers la personnification du lac, la vidéo raconte son histoire, lui donnant une voix et une subjectivité.

    Artcom Platform est une plateforme communautaire d’art contemporain et d’engagement public. Ils s’engagent dans des pratiques artistiques contemporaines et unissent les communautés par un souci partagé de la mémoire collective, de la culture et de l’environnement dans la poursuite d’un avenir durable en Asie centrale.

    Balkhash Zhyry est une co-commande avec la 13e Biennale de Berlin d’art contemporain (14 juin - 14 septembre 2025).

  • François Méchain (Donation)

    La Rivière Noire, Parc des Laurentides, Québec, Canada (1990)

    Diptyque photographique argentique noir et blanc sur Dibond, lettres et chiffres blancs, 115 x 300 cm

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    François Méchain, artiste voyageur, a réalisé de nombreux projets in situ en France et à l’étranger, se manifestant par des installations éphémères. Chaque oeuvre débute par une observation minutieuse du site et un dessin préparatoire à grande échelle. Les sculptures, construites sur place à partir de matériaux locaux, sont ensuite immortalisées par des photographies qui conservent leur dimension monumentale. À travers la photographie, il recrée une ligne d’horizon qui dialogue avec la crête des arbres, renforçant la confrontation entre l’artiste et la nature. Cette oeuvre a sensibilisé le public à la disparition de la forêt boréale due à une exploitation non régulée.